jeudi 17 avril 2008

Braindead


Une expédition ramène un singe-rat d'une île mystérieuse. La créature, très laide, transforme ceux qu'elle mord en créature cauchemardesque, capable à son tour de transmettre le Mal à ses victimes. Bientôt, c'est toute une ville qui se retrouve contaminée à l'occasion d'une réception dans la demeure de Lionel, fils d'une des victimes contaminées du singe-rat. Dès lors, le plus grand n'importe quoi va arriver.

Il y a quelques années, quand je suis arrivé dans le petit monde du film d'horreur, un nom m'a régulièrement été répété: celui de Peter Jackson. Le monsieur venait de sortir le premier volet de sa trilogie du seigneur de l'ennui, et j'apprenais alors qu'il était déja connu, et adoré, pour trois films gores cultes à faibles budgets tournés au début de sa carrière: Bad Taste, Meet the Feebles et Braindead. Depuis, le monsieur a également tourné le remake de King Kong. Autrement dit: Peter Jackson se trouve actuellement être le réalisateur que je déteste le plus. Si c'est Braindead qui va ici se trouver examiné, ça ne m'empêche pas de dire deux mots sur les autres: Bad Taste est un film chiant, ni drôle ni intéressant. J'ai tenu 30 minutes devant les pitreries des Feebles. La trilogie de l'anneau est une merde friquée et aseptisée dont le seul interêt repose rapidement sur les batailles, dont les effets spéciaux ne sont pas toujours à la hauteur. King Kong est une bouse infâme, une insulte à l'original, un caprice de gamin voulant balancer du fric par les fenêtres. Je n'ai toujours pas vu son Créatures célestes, qui reste néanmoins un film dont les échos m'attirent.

Vous l'aurez donc compris, M. Jackson (M pour "monsieur", pas pour "Michael"), ce n'est pas trop ma tasse de thé, et j'ai ici choisi de m'attaquer à ce qui est peut être (sans doute?) le plus culte de ses films: Dead Alive/Braindead. Sommet du film comico-gore pour beaucoup, chef d'oeuvre du cinéma d'horreur pour les mêmes, un bijou pour d'autres, une merveille....Les superlatifs vides de sens (on ne compte plus les chefs d'oeuvre, les bijoux et les merveilles, sans que cela n'ait plus de véritable sens...) ne manquent donc pas. Pour résumer (et encore, c'est souvent les deux seuls arguments que l'on rencontre: un film (très) gore et (très) drôle.

L'histoire est simple, pour ne pas dire simplette, et n'est de toute façon conçue que comme un prétexte (un peu trop développé par moments quand même): le singe rat mord la mère de Lionel, déja bien occupé par son histoire d'amour naissante avec la conchita très niaise en robe à fleurs. Ainsi, la vieille femme autoritaire va t'elle rapidement contaminer d'autres personnes, parmi lesquelles une infirmière, un curé, des loubards (enfin, il paraît)... Bref, un scénario maigrelet, sans qu'on puisse objectivement le reprocher à un film dont le but n'est pas là. Mais il va néanmoins donner naissance à des scènes toutes plus lamentables les unes que les autres, juste sauvées par quelques minutes sur la fin.

L'histoire commence donc sur une île, ou des braconniers enlèvent au nez et à la barbe de ces incapables d'indigènes la créature en question: le singe-rat. Ils feront une centaine de mètres avant de s'apercevoir que l'un d'eux a été griffé par l'animal, et s'arrêteront donc. On peut s'étonner du peu de motivation des indigènes qui n'ont pas poursuivi leur course alors que seulement quelques dizaines de mètres les séparaient de leurs proies, mais on mettra ça sur le compte d'une faute de raccord, ou d'une stupidité dans laquelle le métrage semble déja entré. Suivra alors l'amputation du contaminé, puis sa décapitation. Rien de bien follichon donc dans cette introduction.

Nous suivons ensuite les aventures de la conchita très niaise en robe à fleurs qui cherche l'amour. Elle semble draguer à peu près tout ce qui bouge, mais son ancêtre, qui tire les cartes, lui annonce la rencontre prochaine de son âme soeur, qu'elle reconnaîtra au signe de l'étoile et de la lune. Arrive alors Lionel dans la boutique (oui, la conchita très niaise en robe à fleurs est une honnête travailleuse, comme tous les immigrants d'Amérique latine), et on devine rapidement qu'il s'agit de son futur amour, même si elle ne s'en rend compte que lorsque des crayons formeront le fameux logo. Ce sera le début d'une relation niaise, et les deux échangeront leur premier baiser pendant une visite au zoo. Visite qui sera l'élément déclencheur de l'horreur, la mère autoritaire de Lionel l'ayant suivi pour le surveiller. Le singe-rat, curieusement placé à côté des singes ordinaires, avec une simple grille de séparation, butera l'un d'entre eux avant de s'attaquer à la mère de Lionel, la blessant avant que celle ci ne lui écrase la tête dans des effets spéciaux grotesques.

Etant contaminée, la mère sera encore plus antipathique qu'au début, plus chiante, plus capricieuse. Suivront alors des scènes particulièrement idiotes comme la "fameuse" scène de la crème anglaise, dont le mauvais goût ferait rougir la scène de la dinde de Scary Movie 2 (par ailleurs bien plus drôle), la mort de l'infirmière, l'espèce de médecin fou nazi dont on se demande ce qu'il fout là et l'enterrement. De l'humour pipi-caca, cradingue, sans doute inspiré par les cours de récréations de l'école primaire. La scène du cimetière suivra le même chemin, débutant par un loubard (?) se faisant choper la bite par le zombie de la maman de Lionel...Et si, lors de la première vision, j'avais adoré ce passage du curé adepte des arts martiaux, la seconde sera fatale à ce déferlement d'idioties, filmé bien trop vite (ce serait un film récent qu'on dirait "de façon epileptique") et rapidement lassant. Le personnage du curé ne servira dès lors plus qu'à une nouvelle version de l'humour lamentable du film, avec la scène de sexe entre zombies...Difficile de camoufler un baillement devant le ridicule éhonté de cette idée et de sa mise en image...De cette union naîtra un bébé zombie bien agaçant. Même constat que pour la scène du cimetière: si j'avais trouvé le passage du parc tout à fait jouissif la première fois, force est de constater que j'ai trouvé ça bien lourd en le revoyant. Toujours cet humour particulier qui ne décolle pas...

Le film tournant en rond depuis maintenant une bonne heure, Jackson se dit qu'il faut quand même en finir. Hop, une ficelle scénaristique plus loin, voila une soirée dans la demeure de Lionel. Ce dernier ayant confondu du poison avec une potion dopante, les zombies se déchainent et le film verse pour de longues minutes dans le gore qui éclabousse. C'est jouissif, mais parfois grotesque (et pas dans le bon sens du terme). Tellement fier de ses effets spéciaux, Jackson se permet des passages qui n'ont aucun lieu d'être, tels cet arrachage de dents à un zombie, ou la scène dans laquelle la conchita très niaise en robe à fleurs et sa copine sortent de leur cachette juste pour se faire attaquer, et permettre une nouvelle fois de mettre en avant les effets gores. Ces quelques minutes passées, le film retombera dans le ridicule le plus total avec la scène finale, utilisant l'espèce de flashback dont on n'a vraiment rien à foutre, et versant dans le happy end niais entre Lionel et la conchita très niaise en robe à fleurs...

Bref, si le film est effectivement très gore, il n'est jamais très drôle. Tout juste amusant pendant certains passages (essentiellement avec la tondeuse), il est surtout bien lourdingue, usant et abusant d'un humour trop porté sur le scato...Jackson le confirmera des années plus tard avec King Kong: c'est un grand enfant. Pas étonnant dès lors que son humour ne quitte pas le 5-10ans.

1 commentaire:

CAMIF a dit…

C'est en fait assez simple, je pense.
Soit on adhére à l'humour délirant du truc et on se régale des excés en tous genres.
Soit on accroche pas et là c'est sur on va se faire chier.
Apparement tu t'es fais chier donc !!

Etant néammoins l'un des rares à ne pas l'avoir aimé, ton avis ne peut être qu'une confirmation de l'adage " Les monstres en carton c'est bien mais en grandissant on préfère les monstres en plastoc ! " ( hein ! Mais si ça veut dire quelque chose )