samedi 1 mars 2008

Vendredi 13

TCHI TCHI TCHI HAAA HAAA HAAA



Les fans d'horreur, et plus particulièrement de slashers, auront sans doute reconnu cette douce mélodie, issue d'un des slashers les plus appréciés: Vendredi 13 (Friday the 13th en vo). Surfant sur le succès de Halloween deux ans plus tôt, et fort de La dernière maison sur la gauche qu'il a produit, Sean S. Cunningham va réaliser ce slasher, souvent considéré comme une source du slasher brutal et champestre. Après la fête des obèses en devenir, c'est donc au tour d'une autre date source de superstition de titrer un slasher: vendredi 13. Ou comment nous faire comprendre qu'il n'y a pas toujours eu de super-cagnottes du Loto à cette date, mais aussi des événements atroces! Ou comment en fait se faire d'emblée un coup de pub avec une date qui n'a aucune incidence sur l'histoire. L'histoire, elle est simple: des jeunes en chaleur sont chargés de remettre en service un camp d'été au bord d'un lac, qui a il ya plusieurs années été le théâtre de meurtres sanglants. Evidemment, ils se feront buter un par un. Un scénario minimaliste donc, qui inspirera bon nombre de slashers par la suite.


Les jeunes en chaleur commencent donc leurs besognes entre deux pauses. Ces-dits jeunes sont des spécimens tout à fait intéressant à observer, et pourraient remplacer pas mal de primates dans les zoos. Niveau vestimentaire: le mini short en jean ou toute autre matière pouvant mouler boules et boules semble être la mode de l'été 1980. Il faut voir Kevin Bacon se ballader avec ça pour avoir une vraie vision de l'horreur. Ensuite, niveau amusements...Baiser, se faire des plaisanteries, baiser, se déguiser en indien, baiser, faire des strip monopolys et baiser. Une recette qui n'est pas sans rappeler Les Bronzés. Enfin niveau intelligence...Euh non, désolé je me suis trompé de film. Ces jeunes seront avertis d'un danger par une sorte de vieil ermite débile: "il ya une malédiction!" "je suis l'envoyé de Dieu!" "Vous allez tous mourir!". Evidemment, les jeunes ne le prennent pas au sérieux, et on peut comprendre pourquoi...


Ce qui devait arriver arrive alors: dans une jeep qui fait "VROUUUUUUM" (le film est formel sur ce point: les voitures vont "vroum" et les motos vont "broum". Merci aux bruiteurs!), la vue subjective d'une personne prend une des jeunes en auto stop. Elle ne répondra à aucune de ses phrases, et finira par accélérer (vrouuuuuuuuuuuuuuuuum!!!). La jeune saute alors de la voiture et s'enfuit à travers bois. Quelques chutes plus tard, elle se retrouve en face de son poursuivant (qui se téléporte?) et meurt égorger dans un montage nous faisant à loisir profiter de la mise en place du maquillage. TCHI TCHI HAAA HAAA TCHI TCHI nous avait averti la bande sonore. Et ça continue, puisque la vue subjective observe maintenant les jeunes se baigner dans le lac. La musique tchitchite puis rappelle celle de Jaws pendant que Kevin Bacon nous gratifie d'un plongeon à la BayWatch. Après une péripétie monstrueuse à base de serpent et de dialogue grotesque, on retrouve bientôt Kevin Bacon et sa copine qui joue à touche pipi. Une scène qui me fait comprendre rapidement pourquoi toutes les filles du film sont des chaudasses: après des préliminaires niais ("humm ahhh ohhhh han hummm ahhh ohhh han" sont les dialogues qui ponctuent les baisers), il suffira de trois va et vient mous pour que la fille prennent son pied! (ce qui se traduira par "hum ahhh ohhh" pour elle, et un simple "HAN" pour lui).


On le sait tous, dans un slasher, sexe rime bien souvent avec mort violente. Ca ne manque évidemment pas, un TCHI TCHI HAAA HAAA et un CHLAK plus tard, Bacon n'est plus que de la viande morte (oui, j'ai honte). Une scène qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de La Baie Sanglante quelques années plus tôt...La petite copine, qui a encore chaud aux fesses à en croire par le long trajet qu'elle parcourt sous la pluie en petite culotte, ne survivra pas longtemps à son amoureux, dans les mêmes conditions: un TCHI TCHI TCHI, un CHLAK, un meurtre qui ressemble à La Baie Sanglante. Si même les meurtres ne sont pas originaux...Vient alors la péripétie du moniteur en chef (un vieux qui se prend pour un jaune, avec une jeep et un anorak jaune. Après nous avoir fait le coup de la panne (ben voyons), il est pris en auto stop par un policier. Dans Vendredi 13, une voiture qui roule sous la pluie, ça donne ça: vrouuum ploc ploc ploc vrouuuum ploc ploc criiiii (virage) ploc ploc vroum splash (roule dans une flaque) vrouuum. Bien évidemment il mourra à son tour dans les bois (effets sonores: croac croac croac), tué par le tueur qui tchitchitait pourtant quelques secondes plus tôt sous la fenêtre d'un bungalow à quelques centaines de mètres de là, avant de retourner tchitchiter devant le générateur à quelques autres centaines de mètres de là.


Quelques CHLAK et quelques TCHI TCHI AAAH AAAH plus tard...


Il ne reste qu'une survivante. Celle ci découvre qu'il se passe quelque chose d'horrible dans le camp (il lui faudra un cadavre pour cela, une simple hache ensanglantée la mettant difficilement sur la voie). Elle se barricade alors dans un bungalow (elle a d'ailleurs l'esprit très pratique), avant de tout enlever pour accueillir une voiture. Se présente alors Mme Voorhees, qui se présente rapidement comme étant la mère du petit Jackie (merci la VF!), et comme le meurtrier! On pourra évidemment se demander longtemps pourquoi, d'un seul coup, elle décide de se confier à une pouffe plutôt que de la buter sèchement comme les autres. Elle se savait sans doute filmée. Ou alors, elle attendait le TCHI TCHI-signal. Toujours est il qu'après des combats d'une violence insoutenable, à base de gifles et de tirages de cheveux, elle finira décapitée. CHLAK! La fin nous laissera la promesse d'une suite.


Stupide et grotesque, Vendredi 13 s'impose comme un slasher de base: aucun scénario, juste un prétexte, des incohérences et des meurtres plus ou moins violents (n'exagérons rien tout de même), un whodunit idiot avec explications chiantes du tueur et une fin ouverte. Il donnera ainsi 10 suites pour le moment (en incluant Freddy vs Jason), de qualités inégales, mais qui tchitchiteront toujours autant. "Le camp est maudit, vous allez tous mourir". Ca m'étonnerait, jusqu'à preuve du contraire, le ridicule ne tue pas.