jeudi 17 avril 2008

Battle Royale

Avez vous déja tué votre meilleur ami?



Japon, 21ème siècle. Les jeunes sont des méchants délinquants, qui sèchent les cours, agressent leurs professeurs et n'ont aucun respect pour les autres adultes. Pour punir ceux qui sèchent, on décident de voter la loi "B-R": Battle Royale. Pour punir ceux qui vont en cours des conneries de ceux qui sèchent, on les envoie s'entretuer pour leur apprendre le respect des adultes (la suite montrera que ça amène bien sur le contraire, mais nous ne sommes pas là pour juger de la stupidité des idées japonaises). Cette année, c'est la classe de Nanahara Shuya qui a été choisie. Une classe de 3ème, élément qui pourra avoir son importance dans la cohérence de la suite.

Bien sur, comme dans toute classe, il ya les leaders, les boulets et les autres. L'occasion de mettre en image une bonne grosse tartine de clichés: les couples romantico-niais, le mec mignon-sportif-et-intelligent, la sportive potiche, le gros lard, les terreurs du fond de la classe, le mec sympa à qui tout le monde fait confiance, la nympho, la grosse naïve, le petit con, l'intello à lunettes...Tout ce beau monde est acheminé en bus jusqu'à une île qui a pour l'occasion été évacuée. Bien sur, les responsables vont endormir les élèves. Seul le héros témoignera d'une immunité au gaz somnifère, mais terminera assommé. Juste assez fort pour se réveiller au même moment que ceux qui ont été endormis par la méthode moins violente. Notons que les militaires sont gentils: ils ont pensé à installer certains élèves bien confortablement sur des chaises pour éviter qu'ils ne dorment à terre. On nous explique alors les règles du jeu, par le biais d'une vidéo sympathiquement décalée et cynique, avant de nous faire assister au ballet des départs pour Battle Royale. Là, chacun y ira de sa petite hospitalité: course effrénée pour prendre le sac en vol, chute, signe de la main, signe du sac. On nous apprendra qu'il ya deux personnes particulièrement dangereuses: une espèce de punk aphone répondant au doux nom de Kazuo Kiriyama, et un type avec un bandeau, Kawada Shogo. Tout ce petit monde étant sorti, on se rend rapidement compte que l'île a quelque chose d'étrange: on ne meurt pas forcément après avoir été criblé de balles, une flêche dans la gorge n'empêche pas de marcher pour venir faire augmenter le nombre de morts à l'écran.

Autre caractéristique intéressante: l'île rend niais. Deux couples choisiront de se suicider ensemble pour échapper à l'horreur de la situation. Pour éviter une répétition trop flagrante, le premier couple se jettera d'une falaise, le second se pendra. Tous les autres auront un amour caché, qu'ils n'auront dès lors de cesse de vouloir retrouver, afin d'avouer leurs sentiments dans un dernier souffle. Exemples: Takako Chigusa aime Hiroki Sugimura. Ils se connaissent depuis des années, elle l'aime depuis des années, mais attendra d'être à l'agonie, après avoir marché plusieurs kilomètres malgrè les balles qu'elle s'est prise, pour lui avouer. "Je t'aime, je suis contente de t'avoir revu avant de mourir". Grand mouvement de tête pour simuler la mort. Deuxième exemple: Hiroki Sugimura (oui, le même) aime Kotohiki Kayoko, et le cherchera pendant tout le jeu. Il se fera tirer dessus en la retrouvant, mais survivra juste assez pour ça: "Kotohiki, je suis venu pour toi" "Mais pourquoi?" "Pour te protéger..." "Mais pourquoi?" "Parce que je t'aime". Mouvement de la tête pour simuler de la tête. Elle continue: "Mais pourquoi tu me l'as jamais dit? Que vais je faire moi maintenant". Une voix lui répondra: "Tu vas mourir", venant enfin mettre fin au romantisme de pacotille dégoulinant auquel nous venons d'assister.

Cette voix, c'est Mitsuko Soma. Il s'agit de la garce/nympho de la classe. Il paraîtrait que toute la classe lui est passée dessus. Idée que viendra appuyer la mort de Hatagami Tadakatsu et de Takiguchi Yuichiro, qu'elle quittera au petit matin, semblant avoir passé une nuit de sexe avant de les avoir achevés. Elle usera donc de ses charmes pour approcher ses victimes, mais tentera aussi de les attendrir. Difficile de croire qu'un sourire aussi menaçant puisse inspirer confiance, mais on n'est pas là pour juger des fréquentations des jeunes japonaises. La garce/nympho sera l'une des participantes les plus redoutables, alliant beauté (personnellement, je trouve que c'est la plus laide de la classe, mais bon) et violence. Sa mort sera d'ailleurs l'un des rares passages réussis du film. Car elle ne gagnera pas. Le punk aphone aura raison d'elle. Personnage qui sort du lot, Kazuo Kiriyama est un volontaire, qui vient dans le jeu pour s'amuser. Il fera bon nombre de victimes, avec un sadisme appréciable, comme pour les deux dindes qui appellent à l'aide avec le haut parleur. On pourra néanmoins s'étonner de sa maladresse avec son pistolet mitrailleur, étant à plusieurs reprises incapable de toucher ses cibles pourtant à un ou deux mètres de distance. Cela donnera des situations grotesques, comme celle de la poursuite de Oda Toshinori. Ce dernier a eu comme arme un gilet pare balles, ce qui lui permettra d'essuyer sans dégat plusieurs balles (on ne comprend pas trop l'interêt puisque l'île immunise souvent contre les armes à feu, mais bon, on passe). Cet imbécile aura un moment de lucidité: il fera semblant d'être mort, ce qui dupera son agresseur. Mais il retombera immédiatement dans la connerie la plus abyssales, en hurlant sa joie d'avoir trompé le méchant. Bien sur, celui-ci l'entend et lui coupera la tête en guise de réponse. Tête qui lui servira, dans une autre scène risible, à balancer une grenade dans le dispensaire du coin, nous gratifiant ainsi d'un des effets spéciaux les plus craignos depuis longtemps.

Mais revenons à notre héros. Après la mort de son ami, le petit merdeux Yoshitoki Kuninobu, amoureux de Noriko Nakagawa, pour avoir trop ramené sa petite gueule de con, Shuya Nanahara protègera cette dernière. Evidemment, la niaiserie du propos les rejoint vite, la fille (qui est, pour ceux qui n'ont pas suivi, la naïve de la classe) lui confessant qu'elle n'a confiance qu'en lui. Ils s'allieront bientôt au mec au bandeau, Shogo Kawada, qui a déja participé au programme, l'a déja gagné, mais a redoublé. Dans le genre pas de bol...Mais lui aussi sera touché par l'ambiance gnan-gnan environnante et racontera sa vie, passant en quelques minutes du type dangereux qui bute un adversaire à un allié dévoué. Après un affrontement avec le punk aphone, Shuya (le niais héros du film) sera aidé par l'île (qui joue toujours son rôle de désinhibitrice d'arme à feu) et par Hiroki Sugimura (le niais qui fait le tour de l'île avec son radar). Il le déposera dans un phare ou se sont réfugiées les faillottes de la classe. Evidemment, tout tournera mal, et elles s'entretueront rapidement. Notons que l'un d'elle était amoureuse du niais héros du film. Pas de surprise de ce côté là donc, le phare n'avait pas de bouclier anti-niaiserie.

Ailleurs sur l'île, un élève a un plan. Il s'agit du mec mignon, sportif et intelligent. Il est doué en informatique, et sait comment fabriquer une bombe pour la faire péter au nez des militaires pour se venger, et même que ce sera bien fait pour eux en plus! Malheureusement, il est accompagné de deux boulets qui causeront sa perte, le premier attirant le punk aphone, le second s'offrant la mort la plus drôle du film (d'ailleurs, même lui ça le fera rire!). Shinji Mimura (le mec mignon, sportif et intelligent) fera péter la bombe à la gueule du punk aphone, ce qui le rendra en plus aveugle, au moment précis ou le héros niais, la naïve et le type au bandeau arrivent pour lui règler son compte. Plus que trois candidats donc. Là, espoir: le type au bandeau les tue. Hélas, trois minutes plus tard, on se rend compte qu'il a bluffé et qu'ils sont tous les trois sains et saufs. Ils en profiteront pour tuer le G.O., bien que le film ne soit pas très clair là dessus: il survit aux balles, mais mourra en mangeant un biscuit. Le biscuit ayant été cuisiné par la niaise avant le jeu, on lui attribuera cette mort. Une question subsiste quand même. On s'aperçoit dans cette scène que le type au bandeau savait enlever les collier explosifs/GPS/écouteurs. Pourquoi a t'il donc choisi de le garder jusqu'à la fin du jeu? En l'enlevant dès le début, il aurait pu glandouiller tranquillement sans risque dans une zone interdite, et attendre la fin du jeu sans être tué, et se cacher pour facilement s'enfuir. Mais non, il a préféré prendre des risques, participer au jeu. L'île doit rendre con aussi j'imagine. Les trois s'enfuiront en bateau. La magie de l'île disparaîtra, et le mec au bandeau souffrira enfin des balles qui l'ont touchées avant de crever lamentablement. Comme quoi, s'il avait enlevé le collier plus tôt...

Un dernier mot sur la musique du film. Bien sur, ce sont des airs classiques connus et magnifiques. Mais leur utilisation est la plupart du temps complètement à côté de la plaque. Il ne suffit pas d'avoir de belles musiques pour faire une bonne OST...Ensuite, on aura beau expliquer que les cultures font que le jeu d'acteur peut être différent, mais quand je vois quelqu'un sourire quand il joue l'inquiètude, j'ai du mal à y croire.
Etonnant film que Battle Royale donc. Complètement adulé (j'ai l'impression que l'idée de départ cache le reste du film), j'avais moi-même vraiment accroché la première fois. Mais en le revoyant, les nombreux défauts et incohérences m'ont sauté à la gorge pour m'étouffer et me faire passer un moment assez désagréable. Il reste néanmoins bien meilleur que sa suite, produit anti-américaniste primaire sans aucune qualité...

Braindead


Une expédition ramène un singe-rat d'une île mystérieuse. La créature, très laide, transforme ceux qu'elle mord en créature cauchemardesque, capable à son tour de transmettre le Mal à ses victimes. Bientôt, c'est toute une ville qui se retrouve contaminée à l'occasion d'une réception dans la demeure de Lionel, fils d'une des victimes contaminées du singe-rat. Dès lors, le plus grand n'importe quoi va arriver.

Il y a quelques années, quand je suis arrivé dans le petit monde du film d'horreur, un nom m'a régulièrement été répété: celui de Peter Jackson. Le monsieur venait de sortir le premier volet de sa trilogie du seigneur de l'ennui, et j'apprenais alors qu'il était déja connu, et adoré, pour trois films gores cultes à faibles budgets tournés au début de sa carrière: Bad Taste, Meet the Feebles et Braindead. Depuis, le monsieur a également tourné le remake de King Kong. Autrement dit: Peter Jackson se trouve actuellement être le réalisateur que je déteste le plus. Si c'est Braindead qui va ici se trouver examiné, ça ne m'empêche pas de dire deux mots sur les autres: Bad Taste est un film chiant, ni drôle ni intéressant. J'ai tenu 30 minutes devant les pitreries des Feebles. La trilogie de l'anneau est une merde friquée et aseptisée dont le seul interêt repose rapidement sur les batailles, dont les effets spéciaux ne sont pas toujours à la hauteur. King Kong est une bouse infâme, une insulte à l'original, un caprice de gamin voulant balancer du fric par les fenêtres. Je n'ai toujours pas vu son Créatures célestes, qui reste néanmoins un film dont les échos m'attirent.

Vous l'aurez donc compris, M. Jackson (M pour "monsieur", pas pour "Michael"), ce n'est pas trop ma tasse de thé, et j'ai ici choisi de m'attaquer à ce qui est peut être (sans doute?) le plus culte de ses films: Dead Alive/Braindead. Sommet du film comico-gore pour beaucoup, chef d'oeuvre du cinéma d'horreur pour les mêmes, un bijou pour d'autres, une merveille....Les superlatifs vides de sens (on ne compte plus les chefs d'oeuvre, les bijoux et les merveilles, sans que cela n'ait plus de véritable sens...) ne manquent donc pas. Pour résumer (et encore, c'est souvent les deux seuls arguments que l'on rencontre: un film (très) gore et (très) drôle.

L'histoire est simple, pour ne pas dire simplette, et n'est de toute façon conçue que comme un prétexte (un peu trop développé par moments quand même): le singe rat mord la mère de Lionel, déja bien occupé par son histoire d'amour naissante avec la conchita très niaise en robe à fleurs. Ainsi, la vieille femme autoritaire va t'elle rapidement contaminer d'autres personnes, parmi lesquelles une infirmière, un curé, des loubards (enfin, il paraît)... Bref, un scénario maigrelet, sans qu'on puisse objectivement le reprocher à un film dont le but n'est pas là. Mais il va néanmoins donner naissance à des scènes toutes plus lamentables les unes que les autres, juste sauvées par quelques minutes sur la fin.

L'histoire commence donc sur une île, ou des braconniers enlèvent au nez et à la barbe de ces incapables d'indigènes la créature en question: le singe-rat. Ils feront une centaine de mètres avant de s'apercevoir que l'un d'eux a été griffé par l'animal, et s'arrêteront donc. On peut s'étonner du peu de motivation des indigènes qui n'ont pas poursuivi leur course alors que seulement quelques dizaines de mètres les séparaient de leurs proies, mais on mettra ça sur le compte d'une faute de raccord, ou d'une stupidité dans laquelle le métrage semble déja entré. Suivra alors l'amputation du contaminé, puis sa décapitation. Rien de bien follichon donc dans cette introduction.

Nous suivons ensuite les aventures de la conchita très niaise en robe à fleurs qui cherche l'amour. Elle semble draguer à peu près tout ce qui bouge, mais son ancêtre, qui tire les cartes, lui annonce la rencontre prochaine de son âme soeur, qu'elle reconnaîtra au signe de l'étoile et de la lune. Arrive alors Lionel dans la boutique (oui, la conchita très niaise en robe à fleurs est une honnête travailleuse, comme tous les immigrants d'Amérique latine), et on devine rapidement qu'il s'agit de son futur amour, même si elle ne s'en rend compte que lorsque des crayons formeront le fameux logo. Ce sera le début d'une relation niaise, et les deux échangeront leur premier baiser pendant une visite au zoo. Visite qui sera l'élément déclencheur de l'horreur, la mère autoritaire de Lionel l'ayant suivi pour le surveiller. Le singe-rat, curieusement placé à côté des singes ordinaires, avec une simple grille de séparation, butera l'un d'entre eux avant de s'attaquer à la mère de Lionel, la blessant avant que celle ci ne lui écrase la tête dans des effets spéciaux grotesques.

Etant contaminée, la mère sera encore plus antipathique qu'au début, plus chiante, plus capricieuse. Suivront alors des scènes particulièrement idiotes comme la "fameuse" scène de la crème anglaise, dont le mauvais goût ferait rougir la scène de la dinde de Scary Movie 2 (par ailleurs bien plus drôle), la mort de l'infirmière, l'espèce de médecin fou nazi dont on se demande ce qu'il fout là et l'enterrement. De l'humour pipi-caca, cradingue, sans doute inspiré par les cours de récréations de l'école primaire. La scène du cimetière suivra le même chemin, débutant par un loubard (?) se faisant choper la bite par le zombie de la maman de Lionel...Et si, lors de la première vision, j'avais adoré ce passage du curé adepte des arts martiaux, la seconde sera fatale à ce déferlement d'idioties, filmé bien trop vite (ce serait un film récent qu'on dirait "de façon epileptique") et rapidement lassant. Le personnage du curé ne servira dès lors plus qu'à une nouvelle version de l'humour lamentable du film, avec la scène de sexe entre zombies...Difficile de camoufler un baillement devant le ridicule éhonté de cette idée et de sa mise en image...De cette union naîtra un bébé zombie bien agaçant. Même constat que pour la scène du cimetière: si j'avais trouvé le passage du parc tout à fait jouissif la première fois, force est de constater que j'ai trouvé ça bien lourd en le revoyant. Toujours cet humour particulier qui ne décolle pas...

Le film tournant en rond depuis maintenant une bonne heure, Jackson se dit qu'il faut quand même en finir. Hop, une ficelle scénaristique plus loin, voila une soirée dans la demeure de Lionel. Ce dernier ayant confondu du poison avec une potion dopante, les zombies se déchainent et le film verse pour de longues minutes dans le gore qui éclabousse. C'est jouissif, mais parfois grotesque (et pas dans le bon sens du terme). Tellement fier de ses effets spéciaux, Jackson se permet des passages qui n'ont aucun lieu d'être, tels cet arrachage de dents à un zombie, ou la scène dans laquelle la conchita très niaise en robe à fleurs et sa copine sortent de leur cachette juste pour se faire attaquer, et permettre une nouvelle fois de mettre en avant les effets gores. Ces quelques minutes passées, le film retombera dans le ridicule le plus total avec la scène finale, utilisant l'espèce de flashback dont on n'a vraiment rien à foutre, et versant dans le happy end niais entre Lionel et la conchita très niaise en robe à fleurs...

Bref, si le film est effectivement très gore, il n'est jamais très drôle. Tout juste amusant pendant certains passages (essentiellement avec la tondeuse), il est surtout bien lourdingue, usant et abusant d'un humour trop porté sur le scato...Jackson le confirmera des années plus tard avec King Kong: c'est un grand enfant. Pas étonnant dès lors que son humour ne quitte pas le 5-10ans.

jeudi 10 avril 2008

Inferno


Dans la famille sorcière, Mater Suspiriorum est morte à Fribourg. Mater Lacrymarum s'envoie en l'air à Rome, alors intéressons nous ici à Mater Tenebrarum, dont le terrain de jeu est New York




Argento est un maître du cinéma. Il paraît. S'il se consacre généralement à des univers plutôt giallesques, ça ne l'empêche pas de parfois faire des détours dans le fantastique pur et dur. C'est ici le cas avec sa trilogie des Trois Mères. Si la Mother of Tears est décrite comme la plus belle et la plus cruelle, la Mother of Sighs comme la vieille moche qui pue de la gueule (je ne suis pas certain de la traduction), la Mother of Darkness est considérée comme étant la plus effrayante...Un réputation qui sera néanmoins à mille lieues de la réalité.


Si Suspiria ne brillait déja pas par la qualité de son scénario ni par une quelconque crédibilité, il compensait par un univers visuel et sonore parfaits, faisant de ce film une oeuvre bien plus visuelle et auditive que cinématographique. Un roman photo musical avec de très belles photos et une très belle musique en somme. Inferno lui, va encore plus loin dans cette optique: oubliez ici la musique, on n'aura droit qu'aux belles images. Au point qu'il serait presque préférable de regarder le film sans le son, tant la bande sonore est mauvaise, que ce soit au niveau des musiques ou au niveau des bruitages (le miaulement de votre chat vous paraîtra soudain poétique). L'esthétisme est vraiment très soigné, au détriment du reste...Et quel reste! La musique tout d'abord. A l'exception du va pensiero du Nabucco de Verdi, on oscille entre les musiques d'accompagnement des films muets, du rock pourri (genre Queen repris par des hommes-tronc aphones), et des musiques d'ascenceur. Autant dire qu'elles accompagnent très mal les scènes qu'elles illustrent. Certains parleront de "surréalisme", j'opterai pour l'option "excès de stupéfiants".

ce film me reste en travers de la gorge!

Dario Argento, sans doute attiré par un tel challenge, va tout donner pour réussir à offrir des scènes plus ratées encore que la musique. Et, reconnaissons lui ce talent, il va y parvenir le bougre, dans une succession de péripéties plus grotesques les unes que les autres. La première: dans une grande pièce vide, le personnage féminin essayera de récupérer des clés tombées dans le seul trou environnant (déja, c'est la poisse), qui donne directement sur une salle inondée (c'est pas surréaliste, c'est tout simplement con). La demoiselle est championne d'apnée, et passera de nombreuses minutes sous la surface. Détail important: si la scène se passe sous l'eau, les plans sur les clés ont été réalisés au sec, avec juste un bruit de bulles ajouté pour faire illusion! Après une rencontre avec un cadavre en papier mâchés sorti d'on ne sait où, elle parviendra à sortir de l'eau...



Nous nous retrouvons alors dans un amphithéâtre dans lequel est donné un cours de musicologie. ATTENTION, RUNNING GAG ARGENTIEN: "non mademoiselle, ça n'a rien à voir avec la médecine"! Notre attention sera alors portée sur une jeune demoiselle, au regard troublant, qui fait tellement de vent avec ses cheveux qu'elle provoque une mini tempête dans la salle. Ce qui ne semble pas déconcentrer nos braves étudiants. Toujours plus fort, Argento se plagiera lui-même, avouant son manque d'imagination, reprenant la scène du taxi de Suspiria, et des plans classiques chez lui dans la bibliothèque. Manque d'imagination qui sera présent dans absolument TOUTES les scènes. Notamment celle accompagnée de la musique de Verdi. Musique qui devient rapidement le seul interêt d'une scène qui avait pourtant un fort potentiel. Mais à force d'acteurs minables, de chute prévisible et d'effets spéciaux au rabais, elle est encore plus ratée que les autres! Notons d'ailleurs que les témoins des morts ne semblent pas affectés par les horreurs dont ils sont témoins: aucun personnage ne sera surpris ou effrayé par les cadavres qu'il découvrira! Notamment Mark, prototype même de l'acteur de second rang, croisement aléatoire entre un Casper Van Dien et un Viggo Mortensen, il deviendra rapidement le héros du récit, entraînant tout le film dans sa médiocrité.

et moi qui pensais qu'on était déja au fond du trou...

Car le ridicule augmente de façon exponentielle: Dario adore les animaux (ce qui explique pourquoi il tourne beaucoup avec Asia), et va leur réserver des scènes d'anthologie. Un oiseau surgit d'on ne sait où, permettant ainsi de cocher une nouvelle case dans la liste des ingrédients pour faire un nanard réussi. Des chats attaquent une femme et la tue. Pour moi, LA scène essentielle du film. Il faut voir avec quelle violence les chats sont balancés sur l'actrice pour simuler l'attaque, et avec quelle nonchalance ils ressortent du champ, pour être de nouveau balancés par le technicien expert en chats, et ce pendant plusieurs minutes! Impayable! Les pauvres félins seront ensuite transportés dans un sac, bien calmes malgrè les effets sonores tendant à nous faire soupçonner une bagarre (le sac ne bouge pas d'un iota). Le méchant maître sera châtié, dans une scène rocambolesque, par l'association inédite de rats et d'un cuisinier qui passait par là par hasard avec un couteau! Le surréalisme aura une nouvelle fois bon dos.


N'oublions pas la dernière victime, qui mourra brûlée après avoir elle-même fait tomber la bougie qu'elle venait d'allumer sur un tapis, et qu'elle tentera d'éteindre en plongeant son pied au milieu des flammes...Mais c'est pas tout ça: on cherche encore la Mater Tenebrarum. On sait depuis le début qu'elle est là (si si, ya un méchant handicapé qui nous l'a dit!), mais toujours aucun signe. Mark, prenant son courage à deux mains, creusera, rampera, roulera, marchera à travers la maison pour enfin tomber devant la plus terrifiante des Trois Mères. Qui, après avoir papoté rapidement, enfilera un costume d'Halloween bien craignos, fera 3 tours de passe passe (le oinj pour Dario) avant de se cramer toute seule...Si ça c'est pas de la sorcière ultime...D'ailleurs, ce côté sorcière ultrapuissante qui se fait dégommer comme une conne, on le retrouve dans les trois films de la trilogie...tout cela n'était donc qu'un mythe, les trois furies n'étaient que des pétasses peu fraiches psychologiquement (et physiquement pour la mère des soupirs). A l'image du réalisateur donc...Inferno se revele tellement mauvais donc, que finalement, La Terza Madre peut être perçu comme un film vraiment intéressant. Et ça, il fallait quand même le faire...


Trick or treat?